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Histoire du village

Un peu d'histoire...

Peu après Briançon, quatre villages surplombent la rive droite de la Durance. Leurs noms commencent tous par le mot Puy : mot issu du latin "podium" signifiant "hauteur", "sommet arrondi". Les romains ont apposé leur signature indélébile sur cette partie de la vallée. L'une de leur voie passait aux Puys avant de rejoindre Prelles, un peu plus bas. De la présence des fils de la Louve en ces terres hautes, nous ignorons presque tout. Sauf qu'ils réunissaient toutes ces "hauteurs" sous un même vocable : "Universitas Podiorum", l'ensemble des Puys.

Les reliefs et les pierres nous racontent le glacier de la Combarine, descendant du sommet du même nom, et les moraines latérales sur lesquelles se sont installés les premiers hommes. Les espaces délaissés se refermant sur eux-mêmes apportent la preuve d'une ancienne activité agro-pastorale séculaire, de durs labeurs que les produits d'une terre peu fertile récompensaient à peine. A tel point que ses occupants devaient souvent quérir la nourriture en d'autres lieux et cumuler plusieurs emplois. Les terrils noirs témoignent d'une présence minière.

Puy Saint André s'appelait Puy-Brutinel jusqu'en 1456, année où érigé en paroisse, le village acquiert son autonomie municipale et son nouveau nom. Les moines d'Oulx en étaient aussi les décimateurs, c'est-à-dire qu'ils pouvaient y prélever la dîme. Tandis que la partie administrative dépendait au moyen âge de Briançon et du Dauphin en particulier. Celui-ci accorda au village en 1341 les mêmes libertés qu'aux Briançonnais. A partir de cette date et jusqu'en 1793, Puy saint André appartient à l'escarton de Briançon. Durant la révolution française, les nouveaux citoyens rétablirent quelques années durant l'ancien nom. André Faure, dans son "Dictionnaire des noms de lieux et noms de familles des Hautes-Alpes" nous dit que "Brutinel" serait un sobriquet issu de l'occitan "Brut" qui signifierait "méchant" ou "sale".

A Puy-Saint-André, comme dans toute la région, l'instruction était d'usage courant dès le XVème siècle. Le village louait durant l'hiver les services d'un maître d'école qui pouvait enseigner, selon ses aptitudes, l'écriture, la lecture, le calcul et parfois le latin. A partir du XVIII ème siècle, les maîtres d'écoles du Briançonnais, dont la renommée va dépasser les frontières du Dauphiné, partent enseigner dans le sud et dans les départements voisins. Véritables hommes à tout faire, ils assuraient, en plus de l'enseignement, l'entretien des locaux, l'allumage du poêle aidés en cela par les familles qui apportaient des bûches à tour de rôle, conduisaient les enfants aux cérémonies religieuses et les surveillaient ; les enseignants ayant eux-mêmes leur place auprès du curé.

L'école de la commune était dans le bâtiment où se trouve aujourd'hui la bibliothèque municipale, sur la partie gauche du bâtiment se situait l'école des garçons, à droite, les filles. L'école de Saint-André a fermé en 1970 et actuellement les enfants vont principalement à l'école du Pinet sur la Commune de Puy Saint Pierre.

Un grand nombre d'habitants travaillaient dans les mines qui se situaient pour la plupart sur la rive droite du torrent de la Fossa. Pour avoir le droit d'exploiter le charbon, il fallait disposer d'une concession. Celle de Puy-Saint-André était communale. Les particuliers pouvaient extraire le charbon sous réserve de le revendre aux habitants de la commune à un prix raisonnable.

La concession de Saint-André représentait un pour cent de la production du Briançonnais contre soixante-quinze pour la Combarine.

A la fermeture des mines, toute la jeunesse du pays quitte la commune pour des contrées meilleures. Le dur labeur de la terre ne rapportait guère.

Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1927, un incendie détruisit 80 des 85 maisons du chef-lieu. 232 personnes, dont 93 enfants se sont retrouvés sans abris à l'aube de l'hiver. Pendant ce dramatique accident, 2 personnes venues en aide de la vallée, ont été tuées suite à l'effondrement d'une voûte. Avant cet incendie, la place centrale du chef-lieu, était l'emplacement du vieux village, avec des maisons très rapprochées, des toits en pailles, et toutes les récoltes dans les greniers.

Beaucoup de jeunes et de moins jeunes quittèrent la commune pour travailler à Marseille, Grenoble ou Lyon. Une grosse partie d'entre eux, trouva du travail à Saint-Chamas, à la poudrerie, ou à Miramas. 
En 1975, on dénombrait seulement 64 Habitants à Puy St André.

C'est l'époque où les plus riches de la commune possèdent un âne ou un mulet. Âne collectif, car il servait à bon nombre de familles. A tel point qu'il donna naissance à un dicton en patois du coin, mi-provençal mi-piémontais : "Lâse da meïta, la coue li peïle." "Un âne à moitié, la queue lui pèle."

A cette époque, la solidarité prévalait encore. Chaque semaine ou chaque jour, à tour de rôle, les familles apportaient du bois à l'école où elles allumaient le feu, à la mairie et à l'église. Après avoir déneigé les chemins avec les mulets. C'était une journée de bénévoles, une solidarité formidable. L'instituteur, dans le village, n'était pas abandonné. Il avait son lait, son bois.

Lorsque les habitants allaient à la chasse, par exemple, si quelqu'un tuait une bête, il en prenait une partie pour lui et le reste il le distribuait. Quand une vache en montagne se faisait mal, la bête était saignée immédiatement. Elle était descendue, dépecée et partagée. Chacun en achetait un morceau même s'il n'en avait pas besoin.

Tous les anciens se souviennent de ces hivers dans l'écurie que l'on avait préalablement passée à la chaux. La chasse, pour laquelle on se levait à quatre heures du matin afin d'être, bredouille ou pas, au travail à neuf heures. Les pommes de terre ou le maïs que l'on mélangeait au pain, pendant la guerre. Le pain de l'année cuit au four communal lors des "grandes cuites". Un autre petit four servait à faire du pain frais une fois par mois lors des "petites cuites". Une vie dure, intense… Les vingt-sept charrettes qui montaient encore aux Combes en 1955, le nombre de vaches, de chèvres et d'ânes par famille, la "tuée" du cochon, les achats essentiels d'huile, de sucre et de pain blanc en "ville", le pain que l'on faisait tous les mois à la belle saison dans le four communal de Saint-André. Les heures de marche pour aller à Briançon et en revenir, l'électricité qui manquait avant la guerre, les hivers beaucoup plus enneigés qu'aujourd'hui et le mulet qui déneigeait grossièrement au moyen d'une étrave en bois ; l'entretien des canaux, des chemins, des murets de soutènement. Autant de corvées, aujourd'hui oubliées, qui se pratiquaient en grand nombre : cent dix-sept personnes, une fois, pour une dizaine maximum à l'heure actuelle !

La plupart des terrains sur lesquels ils cultivaient "patates", orge, seigle et autres denrées sont aujourd'hui incultes, la garrigue s'étendant. C'est sur ces terrains qu'il fallait "tirer broue" pour remonter cette terre qui, décidément, obéissait trop docilement à la loi de la gravité. A Puy-Chalvin, les terrains étaient en friches. Alors, pour se nourrir durant cette période difficile, toute la famille restaurait les terres pour cultiver. Il fallait racheter une vache, un mulet, des cochons. Pas une parcelle n'échappait à la culture : lentilles, fèves et pois que l'on mettait dans la soupe ; pommes de terre, seigle, avoine, orge, chanvre pour faire les cordes et les bourras. Souvent les habitants montaient aux Combes à pieds, pour traire, pour manger et pour faire la fête avec la gourde et l'accordéon

Et puis, il y avait ce que l'on nommait " l'octroi " : une espèce de douane qui se situait en bas, à Briançon, au niveau du feu et de la bifurcation RN 94-route des Puys. Lorsqu'on amenait une vache pour la foire ou que l'on remontait du grain, il fallait s'acquitter d'une taxe pour passer. Une petite maison faisait office de " bureau des douanes ". Cet " octroi " a existé jusqu'après la guerre.

Tous se souviennent des marchands ambulants qui passaient dans les villages. De loin, les habitants les entendaient arriver " péo, péo, … péo dè lapin, péo dè lioure, chè che n'a pas che péla soun chin " c'est à dire " peaux, peaux, … peaux de lapins, peaux de lièvres, que celui qui n'en a pas qu'il pèle son chien ". Cet homme achetait des peaux pour les tanner et faire des vêtements. Les villageois pelaient les lapins, leurs peaux étaient bourrées de paille, séchées et conservées pour le passage du marchand. Chaque peau rapportait seulement quelques centimes de francs. Certains rachetaient de vieux chiffons au poids.

Le rémouleur passait dans les chaumières " qui veut guiser couteaux, ciseaux, rasoirs ? ". L'étameur que l'on nommait " le manien " recouvrait d'étain les ustensiles de cuisine qui étaient en fer. Il passait de village en village et logeait pendant quelques jours dans le four banal du village qui l'accueillait. Il y avait notamment l'empailleur de chaises.

Les métiers : Aux Puys, en complément du revenu de la terre, beaucoup d'hommes et de femmes exerçaient une activité annexe. Certains dans leur commune même. Au XIXème siècle, au plus fort de la densité de population, Puy-Saint-André a donc vu fleurir une kyrielle de métiers artisanaux : maçons, menuisiers, charpentiers, maréchaux-ferrants, cordonniers, voituriers, bouchers, tailleurs. Les tisserands s'occupèrent du chanvre séché jusqu'en 1928.

Au XVIIIème siècle, certains filaient le coton en utilisant la matière première qui venait de Marseille. Et dès 1454, les habitants travaillaient à Sainte-Catherine dans les "chaudiers", fosses à assouplir le cuir. Ils furent les précurseurs de ce que l'on a plus communément appelé par la suite : l'ouvrier-paysan et sa figure emblématique : le mineur. C'est l'époque où l'on peut trouver, parmi les 154 ouvriers de la mine industriel-le de la Condamine située sur la commune de Puy-Saint-Pierre, des Serbes ou des Polonais.

Il ne reste à Saint-André que dix personnes de la "vieille souche". A Puy-Chalvin, la petite population est entièrement constituée de non-natifs de la commune.

La commune de Puy-Saint-André vit encore et vivra tant que ses habitants la peupleront, à leur manière, en lui donnant un nouveau visage, celui du troisième millénaire.

LA GUERRE DES COMBES

Puy Brutinel a vécu ce qu'on pourrait appeler " La guerre des Combes ". Ce beau vallon aux riches alpages, lui avait été concédé par le Dauphin Jean II, en 1311, contre sous d'or et moutons par an. Aussitôt, on le met en valeur et on bâtit le hameau des Combes. Il y a là pas loin de 40 " forests ", chalets d'alpages, où les gens des Puys montent en été. et où s'abritent maints troupeaux. Dès la donation de Jean II, les gens de Prelles avaient protesté, soutenant que les Combes devaient leur revenir, ou être communs. Ils menaient grand tapage et faisaient tant de bruit qu'en 1449, le Dauphin Louis II (futur Louis XI) confirmait l'acte de 1311. Mais ils ne se tinrent pas pour battus et, en 1465, vinrent couper du bois sans autorisation, dans la forêt des Combes, puis revinrent " injurier et menacer d'un gros bâton " les experts envoyés pour constater les dégâts. En 1468, des arbitres, siégeant devant l'église de Saint Martin de Queyrières, dont relevait Prelles, donnaient raison aux Puys, comme une nouvelle sentence en 1557. En 1557 et 1559, Prelles va jusqu'à enlever du bétail et cambrioler les chalets des Combes. Un procès s'engage par devant le parlement du Dauphiné à Grenoble et les violences de Prelles sont condamnées. En 1793, Prelles essaiera même de rouvrir l'instance, disant que le régime féodal étant aboli, la donation devenait caduque.,, Les Puys faisaient valoir que c'était leur seul alpage de quelque valeur, où conduisaient tous leurs chemins, alors que pas un seul ne descendait sur Prelles, et que leur droit de propriété était attesté à maintes reprises.

LE HAMEAU DES COMBES DES CHALETS A DÉPLACEMENTS QUOTIDIENS

En 1968, les habitants des Puys (Puy St André et Puy St Pierre) possédaient aux Combes, quarante forests qu'ils qualifiaient aussi de granges.

Les familles ne séjournaient pas, ou peu, dans les alpages. Chaque soir, pendant les trois mois de la période d'estive, une seule personne par famille se rendait au chalet. Elle récupérait ses quelques vaches qui avaient passé la journée avec le reste du troupeau du hameau, assurait la traite du soir, préparait le fromage et passait la nuit au chalet. Après la traite du matin, elle redescendait dans la vallée participer aux travaux agricoles ou domestiques.

Qu'ils aient une fonction agro-pastorale, uniquement pastorale ou s'apparentent plutôt aux fenils d'altitude, les chalets à déplacements quotidiens sont ceux qui illustrent le mieux l'opposition chère aux géographes entre villages permanents et villages saisonniers. Dans ce système, en effet, le chalet n'était qu'une annexe de la maison permanente. L'architecture des chalets à déplacements quotidiens reflètent d'ailleurs leur fonction secondaire. Ce sont des constructions de petite taille, moins soignées que celles des villages permanents. Curieusement, alors que les autres bâtiments présentent dans la structure, la mise en œuvre et la distribution intérieure, un certain nombre de caractères locaux qui individualisent fortement l'habitat de chaque vallée, les chalets à déplacements quotidiens présentent sur l'ensemble du territoire qui nous occupe un grand nombre de similitudes.

L'HABITAT

Dans les chalets les plus anciens, le logis tenait peu de place. En fonction de l'usage local, il occupait soit un angle de l'étable soit une partie du premier étage, à côté du fenil. L'aménagement le plus important de ce petit logement, qui était aussi l'espace consacré à la transformation du lait, était la grande cheminée dans laquelle on suspendait, à une potence en bois pivotante, le grand chaudron en cuivre où l'on faisait tiédir le lait pour la préparation du fromage. Tous les chalets visités comportaient, dans l'étable ou la cuisine, un ou plusieurs lits, constitués par un cadre en bois et un matelas de paille ou de feuilles de noyer. Une petite table, des tabourets et quelques étagères complétaient l'ameublement. A ce jour, les chalets des Combes sont devenus résidences secondaires et à quelques exceptions près, le confort moderne a pris place dans ce qui n'était qu'abri pour berger voici à peine 50 ans.